Balades En Normandie

Le bivouac est possible en Normandie ?

Des fidèles de BaladesEnNormandie m’interrogent sur les possibilités et les modalités de bivouac en Normandie. Je pratique le bivouac depuis longtemps. Souvent seul en cette période : j’aime cette sensation de petite aventure, mais aussi personne ne veut bivouaquer en hiver en Normandie 😀

C’est quoi le bivouac ?

Le bivouac, est un campement sommaire (tente, tarp, hamac…) pour une seule nuit, du coucher du soleil au matin. La réglementation française, sauf règles locales, ne fait pas de différence entre le bivouac et le camping sauvage (plusieurs nuits). C’est autorisé partout où ce n’est pas interdit, mais avec de nombreuses restrictions : les espaces naturels protégés, les routes et chemins, les bords de mer, à moins de 500m d’un monument classé, 200 m de bois ou de plantations.

Où bivouaquer ?

Notre région n’est pas une région de montagne, nos pouvoirs publics locaux n’ont aucune culture de la randonnée itinérante. J’ai contacté l’ONF, le Parc Naturel des Boucles… pour connaître la réglementation de chaque forêt domaniale de notre région concernant le bivouac. La réglementation est simple : c’est interdit ! C’est tellement plus simple d’interdire que d’organiser… Résultat, les passionnés bivouaquent sans aucune information sur des zones à éviter ou à privilégier, aucune consigne de sécurité spécifique…

Pour comparer avec d’autres régions, le Parc des Écrins autorise le bivouac à une heure de marche des limites du parc ou d’une route, le Parc de la Vanoise autorise le bivouac à proximité des refuges, le Parc des Cévennes l’autorise à proximité des itinéraires balisés…

J’aime la discrétion de la forêt, mais en dehors des forêts les lieux de bivouac sont nombreux. Les grottes présentent l’avantage de fournir un abri déjà prêt. Les grottes d’Orival sont connues pour être larges et de bénéficier, à proximité, de panoramas magnifiques sur la vallée de la Seine. A éviter en été : elles sont trop fréquentées. Les bords d’étang aussi offrent de nombreuses possibilités de bivouac, et on ne manque pas d’étangs en Normandie.

Comment bivouaquer ?

Mon dernier bivouac est une boucle de 4 jours 3 nuits en forêt domaniale de Lyons. J’ai utilisé une mini tente individuelle. La nuit tombe rapidement en cette saison, je la monte en retrait du chemin, en fin d’après midi : elle est presque invisible à 5 mètres. Bien entendu, je ne fais pas de feux en forêt, j’utilise un réchaud pour mon repas du soir et le café du matin. Je m’endors très rapidement au coucher du soleil pour éviter les bruits de la forêt : les forêts sont très bruyantes la nuit. Si vous ratez l’endormissement rapide vous allez passer une partie de votre nuit à subir ces bruits, en angoissant à chaque craquement !

Lors de cette dernière boucle de 3 nuits, le premier soir, j’ai installé ma tente dans une petite clairière herbeuse. C’était tentant : l’endroit était charmant et le sol confortable. Résultat, ce ne sont pas seulement des craquements qui m’ont réveillé, mais des grognements, des soufflements. J’étais installé au milieu d’une aire de repas nocturnes de sangliers ! Ils sont prudents, mais curieux, un ou deux sont venus renifler ma tente. Dans le noir absolu, seul en forêt, on n’en mène pas large dans cette situation. Pour retrouver le calme, j’ai provoqué la panique dans la compagnie en criant « dégagez de là! » Ils m’ont laissé tranquille pour le reste de la nuit. J’espère que dès la nuit suivante, ces sangliers ont repris leurs habitudes, sans le traumatisme de cet ordre venu d’un objet inconnu, posé sur leur territoire.

Pour le couchage dans la mini tente, j’utilise une couverture de survie sur laquelle je pose un matelas gonflable et un sac de couchage -10. J’ai choisi un sac de couchage -10 : c’est plus lourd (1.5kg) et les températures nocturnes en décembre étaient plutôt autour de zéro degré, mais je suis comme ça, j’ai besoin d’une bonne chaleur au moment du coucher pour m’endormir rapidement…

En été, j’utilise un hamac et un tarp. Tout le monde ne supporte pas de dormir dans un hamac. Dans mon cas, je me souviens que les premiers essais n’étaient pas réussis : je me sentais restreint dans mes mouvements à cause de l’effet d’enveloppement du hamac et de la crainte de basculer. Mais depuis que l’habitude est prise, j’ai l’impression de bénéficier d’une meilleure qualité de sommeil dans le hamac, de récupérer parfaitement de la marche de la veille et d’être en forme pour la suivante.

Un feu de camp ?

Je bivouaque beaucoup en forêt domaniale, elles sont nombreuses dans notre région. Je milite pour la création d’une réglementation du bivouac dans ces forêts, puisque je le disais, nos forêts domaniales ont choisi la facilité de la simple interdiction. En forêt, pas question de faire de feu, qu’elle soit domaniale ou pas. Pour les forêts, le sujet est donc clos.

En dehors des forêts, il nous arrive d’installer un feu au centre du bivouac. Notre dernier feu de camp, cet automne, était au bord d’un étang d’Anneville-Ambourville. Quel plaisir de manger autour du feu, en fin de journée, après une belle randonnée ! Nous éteignons le feu avant d’aller dormir : le feu nous est inutile la nuit, et nous préférons éviter de le laisser brûler sans surveillance. Le lendemain matin, nous le rallumons pour le petit déjeuner. Nous le démontons et effaçons ses traces avant de partir.

Au bord de l’étang, nous avions toutes les conditions pour un feu de camp : nous n’avions pas de bois ou de plantations à moins de 200m, nous avions trouvé une zone rocheuse sans herbes ou racines sèches, nous avions de l’eau à proximité, pas de vent. Nous avions construit un foyer de pierres d’un mètre de diamètre environ, suffisant pour le plaisir et idéal pour cuisiner.

Oui, le bivouac est possible en Normandie. Il faut encore convaincre nos élus de l’intérêt de réglementer le bivouac en forêt domaniale : l’interdiction n’est pas seulement inefficace, elle est nuisible.

19 réflexions au sujet de “Le bivouac est possible en Normandie ?”

  1. Bonjour, Bonsoir
    Je me lance dans un futur défi solo faire une randonnée de Fécamp- le havre – Cherbourg – le mont saint Michel – ROUEN. En 5 jours vous savez où je pourrais faire mon bivouac tranquille loin des autoroutes et loin du bruit.

    Si vous avez des suggestions des conseils ect veillez me recontacter à l’adresse mail suivant en indiquant bien la raison de la prise de contact .
    yohan.l.photographe@gmail.com

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  2. Bonjour Amis Campeur!
    Je recherche un endroit sympa à environs 1h du Havre pour un camping sauvage de 2/3 jours avec des amis.
    Connaissez vous un lieu vraiment tranquille avec, si possible, l’autorisation d’un feu de camp ?
    Merci pour vos réponses!

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  3. Bonsoir !!!
    Je vais tester pour la première fois une randonnée en plusieurs Étapes, 6 jours, je cherche à faire du bivouac sur le GR de la Suisse normande, je ne trouve aucun moyen de m’informer à l’égard de la législation à ce sujet, pourriez vous éclairer ma lanterne ?

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    • Bonjour Allan,
      Je me suis posé la même question que toi en regardant les différentes possibilités depuis google maps pour dénicher des endroits de bivouac tranquilles.
      As-tu avancé sur ta question ?

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  4. Bonjour
    Habitué des treck/bivouac da’s les Alpes et les Vosges. Je m’essaye pour la première fois en Normandie. Avez vous une idée d’une boucle de 2jours et demi avec des bivouac sympa (vue dégagée)
    Merci d’avance et top ce blog, très complet et intéressant pour les novices normands

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    • Bonjour Jeanne, les grottes d’Orival citées ici correspondent à ton critère, mais évite le mois d’août pour être tranquille. Bon bivouac.

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  5. Bonjour,

    je vais bientôt passer par Orival et l’idée d’y bivouaquer me plaît. Les grottes sont elles faciles à trouver pour un cycliste à partir de la routes des roches ?

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    • Bonjour,
      En VTT il est possible de rejoindre les grottes par le carrefour du nouveau monde.
      Vous suivez le gr2 pour entrer en forêt, et vous le quittez rapidement au panneau qui indique les grottes.
      Bon bivouac !

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  6. Hello! Pour ma part j’ai déjà fait quelques nuits dans la foret verte et autour du Chasse Marrée (GR210) cet été en hamac, et aucun problème… J’ai tout simplement visé des bosquets assez touffus (une pinède dans la foret verte etait parfaite pour ca :p) afin d’être vraiment a l’abri des regards, et je n’ai jamais eu de problèmes !
    Je pense aussi que l’attitude est imoortante, si on est respectueux du lieu, qu’on s’étale pas et qu’on montre qu’on est la pour profiter du milieu y a pas de raison ^^

    Merci pour ton article et tes conseils !

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    • Eh, c’est drôle, j’ai fait aussi du bivouac cet été sur le GR210 pendant le suivi du Chemin de Compostelle ( rebrand.ly/kd7mtub ). Superbe GR. Vivement qu’on puisse retrouver notre liberté pour à nouveau marcher et bivouaquer !!

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  7. Ca change du tourisme de masse, avec ces cars qui débarquent leurs touristes, pressés de prendre des selfies sans regarder autour d’eux… puis qui remontent rapidement pour recommencer au spot suivant…

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    • Tu as raison Claire, voilà le vrai projet du marcheur : redevenir maître des horloges. « Prendre son temps et ne plus être pris par le temps », David Le Breton, Marcher: éloge des chemins et de la lenteur.

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  8. Les bruits nocturnes, les sangliers, le froid, l’humidité… ça donne vachement envie de bivouaquer !!! Je rigole. En fait ça me tente, je crois que je vais tester l’aventure 😀

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    • Ne t’inquiète pas si ta première nuit n’est pas géniale : tu dors dans un lit depuis ta naissance, le changement est brutal 😉 Mais dès la deuxième nuit, tu apprécieras cette sensation de liberté ! Et quel bonheur d’assister au lever du soleil depuis son sac de couchage ! (surtout qu’en ce moment le lever du soleil est à 8h45, ça laisse le temps d’une bonne nuit 😀 )

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