Balades En Normandie

Les randonneurs doivent-ils craindre les chasseurs ?

L’automne pare nos forêts normandes de couleurs flamboyantes, invitant les randonneurs à arpenter les sentiers. Pourtant, cette saison coïncide avec l’ouverture de la chasse, suscitant des inquiétudes chez de nombreux promeneurs. Mais ces craintes sont-elles justifiées ?

La réalité des accidents de chasse

Selon l’Office français de la biodiversité, la saison de chasse 2022-2023 a enregistré 78 accidents, dont 6 mortels. Bien que chaque accident soit tragique, il est important de noter que la majorité des victimes étaient des chasseurs eux-mêmes. Les accidents impliquant des non-chasseurs restent heureusement rares.

Les accidents de chasse inquiètent toujours les randonneurs ou promeneurs qui aiment arpenter les forêts de notre région. L’automne nous appelle à venir piétiner les feuilles mortes et les bogues des chemins, mais j’entends autour de moi les réticences : « Oui, l’automne est une belle saison pour la randonnée, mais… la chasse est ouverte ! »

Une rando ? Mais la chasse est ouverte !

Je marche plus d’un millier de kilomètres par an, depuis de nombreuses années, et par toute saison. J’ai croisé sur mon chemin de nombreuses chasses. Est-ce que je crains de recevoir un coup de fusil ? Bien sûr les accidents arrivent, et la mort dramatique d’un cycliste nous le rappelle. Mais, je lis aussi tous les jours dans la presse régionale des comptes-rendus d’accidents mortels sur la route, est-ce que je prends moins la voiture ? Non, mais je suis prudent…

Il m’est arrivé, lors de randonnées, d’arriver par surprise sur une chasse en cours. Au détour d’un carrefour de chemins, je découvre un large panneau mobile qui indique la chasse. Deux possibilités :

  •  le panneau indique que je ne peux pas pénétrer dans telle zone, eh bien je l’évite ! Il est souvent impossible lorsqu’on pratique la randonnée de rester sur le chemin prévu ! Il y a quelque temps, j’ai découvert près de Duclair un bois totalement clôturé, alors qu’il était ouvert aux promeneurs il y a quelques années. Nous connaissons tous des chemins le long de nos falaises qui sont désormais fermés. Randonner, c’est aussi être capable de s’adapter aux circonstances, d’afficher la carte au 1/25000 sur son smartphone et de trouver un détour.
  • le panneau indique que je dois être prudent et ne pas quitter le chemin, eh bien je sors le gilet fluo du sac, et j’avance. En général, dans ces circonstances, je croise les chasseurs postés le dos au chemin. On se salue, parfois on échange quelques informations pour confirmer la sûreté du chemin, et je continue mon circuit.

Parfois, dans la campagne normande, on entend le claquement d’un fusil isolé. Le chasseur isolé, dans sa propriété, loin des regards de ses confrères et des règles des sociétés de chasse, est peut-être plus dangereux… Il faut lui faire connaître notre présence avec la voix, le gilet fluo…

  1. Respecter la signalisation : Si un panneau indique une zone de chasse interdite, il est impératif de la contourner.
  2. Rester visible : Dans les zones de chasse autorisées, portez un gilet fluorescent et signalez votre présence.
  3. Communiquer : N’hésitez pas à échanger avec les chasseurs rencontrés pour vous informer sur la sécurité du parcours.

Je crains plus les sangliers que les chasseurs.

A vrai dire, je crains plus les sangliers que les chasseurs. Je croise de plus en plus souvent des compagnies de sangliers. Dès que nous sommes repérés, la compagnie s’éloigne au petit trot. On les repère parfois à leur odeur caractéristique, sans les voir. Un matin, en forêt domaniale de Lyons, au détour d’un chemin, je suis tombé face à un mâle solitaire, à une dizaine de mètres. Je me suis arrêté, surpris d’être si près de l’animal. Lui a tourné la tête pour m’observer quelques secondes, et est entré dans le bois, tranquillement. On se sent très fragile, face à un tel sanglier. Malgré les chasses qui sont organisées pour réguler leur population, la rencontre de sangliers est de plus en plus fréquente.

Profitons de nos forêts en automne !

Je peux m’appuyer sur une longue expérience de randonneur pour affirmer qu’il n’y a aucune raison de se priver de la beauté de nos forêts en automne. Et s’il vous reste un peu d’inquiétude, choisissez une forêt domaniale ! Elles sont nombreuses dans notre région, les chasses sont bien encadrées, et le site web de l’ONF affiche le calendrier des chasses en forêts domaniales. Consultation indispensable en saison de chasse avant d’entrer dans l’une de ces forêts.

Précautions et bonnes pratiques :

  • Consultez le calendrier des chasses, notamment sur le site de l’ONF pour les forêts domaniales.
  • Privilégiez les sentiers balisés et les zones où la chasse est réglementée, comme les parcs naturels régionaux.
  • Utilisez des sites web dédiés pour vous informer en temps réel des zones de chasse actives.

Selon le bilan annuel de l’Office français de la biodiversité (OFB) pour la saison de chasse 2022-2023, on constate une baisse significative des accidents de chasse, atteignant un niveau historiquement bas[1][2].

Principaux chiffres

  • 6 accidents mortels (tous des chasseurs), contre 8 la saison précédente[1][2]
  • 78 accidents au total, contre 90 la saison précédente[2]
  • Aucune victime non-chasseur mortelle, une première en France[4]

Tendances sur le long terme

  • Baisse de 80% des accidents mortels en 20 ans[2]
  • Baisse de 62% du nombre total d’accidents en 20 ans[2]
  • Réduction structurelle de l’accidentologie depuis les années 2000[3]

Analyse des accidents

  • La chasse au grand gibier reste la plus dangereuse, représentant 55% des incidents[3]
  • Le non-respect de l’angle de 30° est la principale cause d’accidents lors des chasses au grand gibier (33% des cas)[1]
  • 40% des accidents sont des auto-accidents, souvent dus à une mauvaise manipulation des armes[3]

Incidents matériels

L’OFB a enregistré 84 incidents matériels liés à l’utilisation d’armes, dont[1][3]:

  • 48 tirs vers des habitations
  • 15 tirs vers des véhicules
  • 21 tirs sur des animaux domestiques

Facteurs explicatifs et mesures prises

Cette baisse des accidents s’explique par plusieurs facteurs[2][3][4]:

  1. Formation renforcée des chasseurs
  2. Sensibilisation accrue à la sécurité
  3. Mise en place de la formation décennale obligatoire à la sécurité
  4. Contrôles réguliers sur le terrain par l’OFB et la Gendarmerie nationale

Malgré ces progrès, l’OFB et les fédérations de chasse continuent leurs efforts pour atteindre l’objectif « zéro accident de chasse », notamment en insistant sur la manipulation sécurisée des armes, le respect des angles de tir et le port d’effets de couleur vive[3][4].

Citations:
[1] https://www.cours-appel.justice.fr/sites/default/files/2024-06/bilan%20des%20accidents%20et%20incidents%20de%20chasse%202022-2023.pdf
[2] https://www.sudouest.fr/environnement/chasse/le-nombre-d-accidents-de-chasse-historiquement-bas-six-chasseurs-morts-en-2022-2023-16455950.php
[3] https://www.breizh-info.com/2024/07/30/235968/bilan-de-la-saison-de-chasse-2023-2024-une-securite-en-progres-moins-daccidents-mortels/
[4] https://www.chasse-nature-occitanie.fr/haute-garonne/actualites/a28819/accidents-de-chasse-2022-2023-un-niveau-historiquement-bas.
[5] https://www.ofb.gouv.fr/actualites/bilan-des-accidents-incidents-de-chasse-2022-2023
[6] https://www.fdc52.fr/index.php/2023/09/21/bilan-des-accidents-incidents-de-chasse-2022-2023/

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